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Interview de Gabriel Attal sur BFM-TV : ce qu’il faut retenir

Cent jours après sa nomination à Matignon, le premier ministre était l’invité de la chaîne d’informations, jeudi soir. Il a détaillé ses annonces faites plus tôt dans la journée contre la violence des mineurs et défendu son action.

Le Monde

Publié le 18 avril 2024 à 23h32, modifié le 19 avril 2024 à 02h47

Temps de Lecture 6 min.

Le premier ministre, Gabriel Attal, sur le plateau de l’émission « Face à BFM », sur BFM-TV, le 18 avril 2024.

Pour son centième jour à Matignon, Gabriel Attal a longuement défendu son bilan, jeudi 18 avril sur BFM-TV, après avoir promis une réponse rapide de son gouvernement face à « l’addiction de la violence » d’une partie de la jeunesse lors d’un discours à Viry-Châtillon (Essonne). Cette émission était programmée après une première séquence régalienne du premier ministre, qui a annoncé, jeudi matin, une série de mesures et une « concertation » de huit semaines pour faire face à la violence d’une partie de la jeunesse.

Le contrat d’engagement « en vigueur dès la rentrée prochaine »

Gabriel Attal a annoncé, jeudi matin, l’instauration d’un « contrat de droits et d’obligations » que les parents auraient à signer et qui ouvriraient à des sanctions en cas de non-respect de ses dispositions. Sur BFM-TV, le premier ministre précise ainsi que ce contrat, dont les contours exacts sont renvoyés à la concertation de huit semaines qui va s’ouvrir, entrerait en vigueur dès septembre.

Difficile, cependant, de savoir à quel point ce « contrat » pourrait être contraignant. La commission d’enquête sénatoriale sur les violences contre les enseignants, qui a remis son rapport le 6 mars, avait réfléchi à cette possibilité, et finalement abandonné l’idée d’un contrat pour proposer la signature d’une simple charte. « Un contrat pose la question de ce qu’il se passe si des parents refusent de le signer, alors que l’école publique est ouverte à tous et doit accueillir tous les enfants, cela pose une difficulté juridique », explique au Monde l’un des deux rapporteurs, Laurent Lafon (Union centriste, Val-de-Marne).

L’accueil de 8 heures à 18 heures au collège en vigueur « progressivement » à partir de la rentrée prochaine

Parmi ses annonces faites jeudi matin pour lutter contre la violence des mineurs, M. Attal a fait savoir que « tous les collégiens seront scolarisés tous les jours de la semaine, entre 8 heures et 18 heures, à commencer par [ceux des établissements des] quartiers prioritaires et des réseaux d’éducation prioritaires ».

Lors de son interview sur BFM-TV, ce dernier a précisé ses propos : « Ça veut dire que pour la rentrée prochaine, en septembre, on va faire le 8 heures-18 heures dans tous les collèges des quartiers de la politique de la ville, et qu’ensuite on va chercher à étendre progressivement, année après année, cette politique. »

Cette mesure est actuellement expérimentée dans 200 collèges. Sans caractère obligatoire, elle permet de proposer à des élèves, entre 8 heures et 18 heures, des dispositifs supplémentaires (aide aux devoirs, éducation culturelle et artistique, éducation physique et sportive, sorties scolaires). Matignon a précisé qu’il ne s’agissait en tout cas pas d’étendre au-delà de l’éducation prioritaire pour l’heure.

« Commission éducative », sanctions sur les diplômes : « Faire comprendre les règles »

« J’ai annoncé qu’à compter de la rentrée prochaine, il y aura une commission éducative. C’est l’équivalent du conseil de discipline pour l’école primaire pour qu’on puisse prendre des sanctions adaptées, évidemment, mais pour, dès le plus jeune âge, faire comprendre ce qu’est la règle et qu’il y a des sanctions en face », a expliqué le premier ministre.

« J’ai annoncé aussi qu’au collège-lycée, il faut maintenant que le diplôme (brevet, CAP ou bac) tienne compte du comportement de l’élève, a-t-il poursuivi. Quand on ne se comporte pas bien, quand on s’en prend à ses camarades, quand on perturbe la vie dans l’école, quand on dégrade des biens dans l’école et qu’on ne fait rien pour le réparer, on doit être sanctionné sur son brevet, son CAP, son bac et avoir une mention sur ce sujet-là dans Parcoursup. Il faut qu’on en arrive là aujourd’hui pour faire comprendre que les règles, ça se respecte et qu’il y a toujours des conséquences quand on ne respecte pas les règles. »

Une circulaire va être prise par le gouvernement pour que soit retenue comme circonstance aggravante une agression pour non-respect « de principes religieux »

« Le garde des sceaux [Eric Dupond-Moretti] prendra une circulaire pénale pour que, quand vous êtes agressé parce que vous ne respectez pas des principes religieux, [soit] retenue une circonstance aggravante, comme c’est le cas quand on agresse quelqu’un parce qu’il a une religion en particulier », a fait valoir le chef du gouvernement, sur la question de l’autorité croisée à celle de la laïcité.

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Le chef du gouvernement a notamment dénoncé dans son argumentaire « des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste », qui prônent « les préceptes de la charia, notamment dans les écoles ».

Salaires : Gabriel Attal promet « des annonces dans les prochains mois » pour permettre d’augmenter les salaires, « surtout ceux proches du smic »

Interrogé sur un autre sujet d’actualité, l’annonce faite par le fabricant français de pneumatiques Michelin du « déploiement du salaire décent à l’échelle mondiale » pour ses employés, Gabriel Attal a défendu l’action du gouvernement en matière de pouvoir d’achat.

« Ce sur quoi je travaille pour des annonces dans les prochains mois, c’est un système qui fasse que ça coûte moins cher aux patrons, aux salariés, d’augmenter le salaire, surtout quand on est proche du smic », a-t-il déclaré. « Encore une fois, on a beaucoup plus de gens que dans les autres pays qui sont proches du smic », a reconnu le premier ministre.

Pas de hausses d’impôts

Gabriel Attal a réaffirmé que le gouvernement n’augmentera pas les impôts. « Je ne vais pas vous dire qu’on va se mettre à augmenter les impôts après les avoir baissés. Ce n’est pas du tout notre logique », a-t-il répondu à l’éditorialiste de BFM-TV.

Emmanuel Macron avait promis en mai 2023 une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros d’ici à la fin du quinquennat. Sur BFM-TV, le premier ministre assure que cette promesse « sera tenue ». « On pourra tenir l’engagement en le finançant. Ça veut dire en mettant, en face des 2 milliards, par exemple une économie fléchée qu’on fait pour pouvoir faire cette baisse », a-t-il ajouté. « On a par ailleurs engagé un chantier sur les allègements de cotisations patronales et de cotisations salariales, parce qu’on veut que les Français qui travaillent, les classes moyennes notamment, puissent gagner davantage. Ça peut aussi rejoindre ce chantier-là », a poursuivi Gabriel Attal.

Une réforme de l’assurance-chômage « pour qu’il y ait plus de Français qui travaillent »

« On fait une réforme de l’assurance-chômage [la quatrième depuis 2017] pour quoi ? On veut qu’il y ait plus de Français qui travaillent », a déclaré Gabriel Attal, questionné sur les questions économiques. « Si on avait le même taux d’emploi que les Allemands, c’est-à-dire s’il y avait la même part de notre population qui travaille que côté allemand, on n’aurait quasiment pas de problèmes pour équilibrer nos budgets », a-t-il ensuite argumenté, ajoutant : « Plus vous avez de Français qui travaillent, plus ils payent de cotisations sociales et leurs employeurs aussi, et [plus ils payent] d’impôts quand ils travaillent. »

Selon lui, ce retour vers l’emploi de plus de Français passe par trois leviers : « des rémunérations plus attractives », la question de « l’organisation du travail » et « un modèle social qui incite à travailler ». Il a notamment défendu la conditionnalité du revenu de solidarité active (RSA) à quinze heures d’activité par semaine, une mesure déjà entrée en vigueur et étendue à quarante-sept départements à la fin de février, qui doit se généraliser « d’ici à la fin de l’année ».

Mais le nouveau projet de réforme de l’assurance-chômage défendu par Matignon, qui vise un nouveau durcissement des règles et des conditions d’indemnisations, est décrié à gauche et également critiqué dans les rangs de la majorité.

Conférence sur la Palestine à Lille : « Il faut que tout le monde puisse s’exprimer »

« Il faut que tout le monde puisse s’exprimer. On a la chance d’être dans un pays où la liberté d’expression est défendue de manière absolue. Donc chacun doit pouvoir s’exprimer », a estimé Gabriel Attal, au sujet d’une conférence sur la Palestine annulée.

Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassam avaient prévu de tenir jeudi une conférence dans une salle de Lille, mais elle a été interdite par la préfecture du Nord après une première annulation de l’université de Lille qui devait accueillir l’événement.

« Vous avez des événements qui sont organisés, qui le sont parfois avec des mots d’ordre, dont les services de sécurité et dont une préfecture peuvent considérer qu’ils pourraient amener un certain nombre de violences. Et pour ceux-là, même dans un moment où des forces de sécurité sont par ailleurs mobilisées dans un contexte Vigipirate, vous avez des décisions qui sont prises, en l’occurrence par la préfecture », a-t-il poursuivi. « Si vous m’interrogez sur le principe de savoir si je considère qu’on doit empêcher des personnalités politiques de s’exprimer, la réponse est évidemment non », a conclu le premier ministre.

Elections européennes de juin : « Les oppositions ne veulent pas parler d’Europe »

« C’est, pour moi, [le scrutin] le plus important probablement depuis que les élections européennes existent », a fait valoir le premier ministre au sujet du vote qui doit se tenir le 9 juin, sans toutefois détailler le programme porté par la majorité présidentielle.

Interrogé sur le difficile début de campagne de la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer, distancée dans les sondages par la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, Gabriel Attal a d’abord répondu : « Je crois que les Français ne sont pas encore entrés véritablement dans la campagne des européennes. Le vrai débat sur les européennes, et je le déplore, je pense qu’il n’a pas encore véritablement commencé, notamment parce que les oppositions ne veulent pas parler d’Europe. »

« Encore une fois, je pense que même si on peut faire des critiques sur l’Europe, et on peut y revenir, on a fait beaucoup de choses pour que ça s’améliore. Personne ne peut dire qu’on fonctionnera mieux si on est en dehors de l’Union européenne. C’est ce que proposent notamment le Rassemblement national et aussi Reconquête !, Marion Maréchal, Eric Zemmour : un Brexit en pièces détachées », a-t-il ajouté à l’adresse de l’extrême droite.

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