SITCOM« Terminal », digne héritière de « H », pour le meilleur (et pour le pire)

« Terminal » sur Canal+, digne héritière de « H », pour le meilleur (et pour le pire)

SITCOM« Terminal », ce lundi sur Canal+, signe le retour de Jamel Debbouze et Ramzy Bedia dans une sitcom déjantée
Ramzy Bedia et Jamel Debbouze dans « Terminal », la sitcom comique de Canal+.
Ramzy Bedia et Jamel Debbouze dans « Terminal », la sitcom comique de Canal+. - Rémy Grandroques/QUAD+TEN/CANAL+ / CANAL+
Laure Beaudonnet

Laure Beaudonnet

L'essentiel

  • «Terminal », ce lundi sur Canal+, retrouve Jamel Debbouze et Ramzy Bedia, le duo mythique de « H ».
  • Pour cette sitcom, les deux humoristes quittent les couloirs de l’hôpital et débarquent dans un aéroport.
  • Quatre raisons de croire que « Terminal » pourrait marcher dans les pas de son aînée.

«Dis-moi pas que c’est pas vrai », lâche le personnage de Camille Chamoux dans Terminal, sitcom coécrite et réalisée par Jamel Debbouze ce lundi sur Canal+. Toute personne ayant connu la fin des années 1990 a normalement la « réf » en tête. Le clin d’œil renvoie évidemment à la réplique culte du personnage de Jamel dans la comédie déjantée H, hébergée sur Netflix depuis 2019.

Cette fois, la bande d’humoristes quitte les couloirs de l’hôpital où officiait le professeur Strauss, chirurgien timbré réputé pour tuer ses patients, et débarque avec une nouvelle équipe dans un terminal d’aéroport où fusent les vannes absurdes. Quatre raisons de goûter (ou non) à cette comédie de 12 épisodes en forme de madeleine de Proust de l’humour.

Le retour du duo de choc

Plus de vingt ans après, Jamel Debbouze et Ramzy Bedia n’ont pas pris une ride, ou presque pas. Vedettes de la sitcom hospitalière, le duo infernal – qui a perdu en chemin son troisième acolyte Eric Judor – ont troqué leur costume de standardiste et de brancardier pour celui de chef de la sécurité, pour le premier, et de pilote de ligne incompétent, pour le deuxième. On n’est pas trop dépaysés dans ce nouveau décor. Le public regoûte aux ingrédients qui ont fait le succès de H : le comique de situation surréaliste et le phrasé caractéristique du binôme avec un Jamel qui exagère ses difficultés de prononciations (« je suis diçu ») et les erreurs d’expression (« les mains derrière les bras »). Près de trois décennies plus tard, on retrouve avec joie les deux comiques dans leurs costumes de tocards écervelé.

Une brochette de stars du stand-up

Le succès phénoménal de H a fait naître des vedettes. Eric, Ramzy et Jamel, qui arrivaient à peine à payer leur essence avant de tourner dans la série de Canal+, ont fini la quatrième saison au volant de voitures de luxe. Le duo fougueux des années 1990 atteint aujourd’hui le quart de siècle et passe le relais à la nouvelle garde de stand-uppers. Des visages bien connus de la scène comique et du cinéma débarquent dans la clique de brèles : Tristan Lopin, en chef de cabine, Brahim Bouhlel (de Validé), en steward, Camille Chamoux (La Flamme), en hôtesse de l’air, et Doully, en patronne de la compagnie aérienne Flywingz. L’équipe d’acteurs et d’auteurs sent un peu moins la testostérone qu’à l’heure de H, et ça se voit à l’écran. Les personnages féminins gagnent en complexité, et les blagues se libèrent de leurs relents misogynes.

Une sitcom à l’ancienne

Ringard ou retour du cool ? Terminal, comme H, reprend les codes historiques de la sitcom à l’anglo-saxonne : un décor unique, des épisodes d’une vingtaine de minutes et un tournage devant un public dont on capte les rires. Un procédé un peu désuet en France qui renvoie plutôt aux programmes bas de gamme des années 1990 d’AB Productions (Hélène et les Garçons, Premiers Baisers…) qu’à des œuvres de qualité. A l’inverse, les Etats-Unis ont fait de la sitcom un genre d’excellence avec des grandes œuvres comme Seinfeld, Friends, The Office ou, plus récemment, Parks and Recreation et The Good Place. Quelques instants de grâce plus tard, Terminal fait disparaître l’arrière-goût d’anachronisme donné par les rires du public. Comme son aînée, une grande liberté a été offerte à des comédiens grisés par l’ambiance du huis clos.

Des vannes surréalistes

Les blagues de H sont restées, pour certaines, dans les annales. L’imitation mythique de l’éléphant par le professeur Strauss est, par exemple, inoubliable. Certaines situations offertes par Terminal ont un véritable potentiel. « Les textes étaient écrits au cordeau mais laissaient place à l’improvisation des acteurs, nourris par l’enthousiasme du public », explique les coauteurs Jamel Debbouze et Mohamed Hamidi. Et la magie opère encore. Le meilleur de la folie des années 1990 souffle sur cette sitcom.

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