MYCANAL – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE
Le retour aux racines familiales est un grand classique du documentaire culinaire – notamment pour ce qui concerne l’Italie, fameuse terre gastronomique. L’un des exemples récents, Searching for Italy (2021-2022), sur CNN, filmait l’acteur Stanley Tucci, cuisinier amateur mais compétent, parti pour la Péninsule afin d’y faire la tournée des producteurs et restaurateurs.
On ne quitte pas tout à fait le cinéma avec Belmondo, l’Italie en héritage, puisqu’il y est souvent question de l’acteur Jean-Paul Belmondo, dont les films étaient aussi connus en France qu’en Italie, où il tourna au début des années 1960 et où étaient nés ses grands-parents. Mais c’est de son petit-fils, Alessandro Belmondo (né en 1991), devenu chef de cuisine, qu’il est principalement question dans le film de Marius Doicov pour Canal+.
Du côté maternel d’Alessandro, l’Italie est à une seule génération de distance : Luana Belmondo (née Tenca), une Romaine à l’accent chantant bien connue des téléspectateurs (elle fut l’une des animatrices de feu la chaîne Cuisine TV et cheffe invitée récurrente des premières années de « C à vous », sur France 5), accompagne son fils pour cette virée ultramontaine.
Ricotta et pâtes fraîches
La mère et le fils s’étaient déjà pliés à un tel exercice en 2019, avec la série documentaire en cinq épisodes Italia Mia : Luana cuisine Rome (disponible sur Facebook ou RMC BFM Play) : entre deux balades en ville dans une Fiat 500 rouge (clin d’œil à la Peugeot 304 cabriolet de la même couleur de Julie Andrieu dans ses « Carnets de Julie » ?), ils faisaient du quatre mains au piano de cuisson.
Pourtant, dans Belmondo, l’Italie en héritage, Luana tient à préciser à propos de son fils : « Il est chef, je suis cuisinière. » En 2018, Alessandro a en effet ouvert à Paris son propre restaurant après avoir été formé chez Hélène Darroze (amie de sa mère et fameuse jurée de l’émission « Top Chef ») au restaurant triplement étoilé de l’Hôtel Connaught, à Londres.
L’émission passe par à peu près toutes les figures obligées des us culinaires italiens, avec un temps d’arrêt prolongé en Sicile, terre d’origine des Belmondo (à Cefalu notamment où est née « la grand-mère de mon papy », dit Alessandro), en passant par Venise (où Jean-Paul Belmondo tourna des scènes acrobatiques pour Le Guignolo, de Georges Lautner, en 1980), la Toscane et Rome.
On apprend à cueillir les pistaches et les amandes, à faire de la ricotta, des pâtes fraîches (par « le seul homme à Rome qui sache les faire », affirme Luana). On déplore la disparition de la pêche artisanale du calamar sur petit bateau, mais on se réjouit que la pâtisserie connue par la petite Luana propose toujours les mêmes minipizzas et biscotti.
Alessandro fait semblant de ne pas savoir faire les pâtes cacio e pepe (qu’il a pourtant vu cuisiner dans l’épisode 3 de Italia Mia : Luana cuisine Rome) afin de laisser le chef d’un restaurant que fréquentait son grand-père (mais aussi Woody Allen dont on aperçoit une photo au mur) expliquer au téléspectateur la méthode de ce plat de la région romaine, simple mais technique.
Balade vénitienne
On visite Sant’Erasmo, « le potager de Venise », dit Luana, puis le domaine de Venissa, sur l’île de Mazzorbo, à quelques encablures de la place Saint-Marc, qui produit un vin ambré qui semble liquoreux à l’œil, mais est sec au gosier. Sa typicité provient du fait que le cépage – importé d’une île voisine – a fait sien la forte composante iodée du sol en s’adaptant bon an mal an à l’acqua alta (la montée des eaux dans la lagune).
Plus tard, une vieille amie de la famille, qui n’a pas revu Alessandro depuis son enfance, cuisine l’acquacotta, une soupe-ragoût paysanne à base de légumes, de pain rassis, de sauce tomate et d’œufs. Avec Luana, qui en semble surprise, on apprend qu’il faut saler avec du gros sel « qui pénètre mieux et a plus de saveur ».
Suit la visite d’un restaurant qui cuisine le crabe bleu, une espèce invasive venue des Etats-Unis. La jeune cheffe de cuisine, écoresponsable et francophone, livre une information sur les restaurants vénitiens : le feu y est interdit, seule l’induction est permise.
Et l’on termine la balade vénitienne par une séance de photos où Alessandro réplique les poses de son « papy », dans les mêmes lieux. La séquence n’était pas indispensable, mais, comme le reste du film, joliment réalisé, elle est mue par la bonne humeur et la tendre entente qui lie le jeune chef et sa cuisinière de mère.
Belmondo, l’Italie en héritage, documentaire réalisé par Marius Doicov (Fr., 2024, 78 min). Sur MyCanal.
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