Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Les quinze jeunes garçons de la résidence “Les Vignes” ont collé leur photo sur les baies vitrées, le visage souriant, avec son prénom et quelques dessins. À côté du drapeau bangladais, Fahim a griffonné les couleurs de la France, sous lesquelles on peut lire ces mots : « terre d’amour ». BRUNO FERT POUR « LE MONDE », le 16 avril 2024.
BRUNO FERT POUR « LE MONDE »

Dans les Deux-Sèvres, une cohabitation entre mineurs non accompagnés et personnes âgées : « C’est comme mes grands-parents »

Par 
Publié le 03 mai 2024 à 20h32, modifié le 04 mai 2024 à 15h31

Temps de Lecture 4 min.

« 4 et 3, 7… Au total, 23 pour Kouassi (les prénoms des mineurs ont été modifiés). Ça fait beaucoup ! », se réjouit Roseline Clochard, qui remporte, encore une fois, la partie de cartes. C’est la nonagénaire qui a appris les règles du Skyjo à son voisin de table, un jeune de 15 ans originaire de Côte d’Ivoire. Lassé de perdre, l’adolescent triche discrètement, elle le laisse faire. Depuis l’arrivée de quinze mineurs non accompagnés à la résidence pour personnes âgées Les Vignes, Roseline Clochard a enfin trouvé des partenaires de jeu « qui entendent et qui voient », plaisante-t-elle.

C’est une forme de cohabitation unique en France, qui a vu le jour dans le village de Sciecq, à côté de Niort (Deux-Sèvres). Depuis janvier, cette structure accueille aussi, dans ses appartements, un groupe de mineurs de 14 à 16 ans, venus, sans leurs parents, d’Afrique subsaharienne, d’Egypte, du Bangladesh et du Pakistan.

Des personnes âgées et des mineurs non accompagnés jouent aux cartes dans le salon de la résidence Les Vignes à Sciecq (Deux-Sèvres), le 16 avril 2024.
Originaire d’Egypte, Akil ne maîtrise pas encore le français. Il utilise une application de traduction pour échanger avec les personnes âgées de la résidence Les Vignes à Sciecq (Deux-Sèvres), le 16 avril 2024.

Une solution originale, pour empêcher la fermeture de cette « résidence autonomie ». Avec ses logements privatifs, l’établissement Les Vignes s’adresse à des personnes indépendantes – un modèle qui ne séduit plus, à l’heure où l’on maintient les personnes âgées à domicile jusqu’à ce qu’elles aient besoin d’un accompagnement médicalisé.

Sauver la résidence

« Quand on a su qu’on avait du mal à remplir cette structure à côté de Niort, on s’est tout de suite dit qu’il y avait quelque chose à faire », se souvient Béatrice Largeau, vice-présidente du conseil départemental des Deux-Sèvres (divers droite) chargée de la protection de l’enfance. Pour l’élue, la priorité est alors de « trouver des solutions pour répondre à la loi “Taquet” de 2022 », qui interdit, à partir de 2024, le placement à l’hôtel des mineurs confiés à l’aide sociale à l’enfance. Mais le département manque de places en structures éducatives, depuis qu’il est passé de 800 à plus de 1 000 enfants placés en cinq ans. Et ce, sans compter les mineurs non accompagnés – 180 jeunes environ.

Seize places vacantes dans la résidence Les Vignes, pour quinze mineurs étrangers en attente d’hébergement : la solution est toute trouvée. Dès janvier, les jeunes s’installent par deux dans les huit studios remis à neuf. Avec leur peu d’affaires, ces appartements spacieux n’ont pas encore l’étoffe de chambres d’adolescents – peu importe, aujourd’hui, ils disent tous qu’ils s’y sentent « chez eux ». Pour les accueillir, la baie vitrée de la salle commune s’est changée en trombinoscope : chacun y a collé sa photo, le visage souriant, avec son prénom et quelques dessins. A côté du drapeau bangladais, Fahim a griffonné les couleurs de la France, sous lesquelles on peut lire ces mots : « Terre d’amour ».

Il vous reste 63.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.