Musique. Avec “Radical Optimism”, le sacre en demi-teinte de Dua Lipa
“Il y a quatre ans, [l’album] Future Nostalgia faisait découvrir Dua Lipa au grand public, et Radical Optimism, son troisième album studio, est son premier depuis qu’elle est devenue une superstar”, rappelle le site musical américain Consequence of Sound.
Dévoilé ce 3 mai, ce nouvel album est censé asseoir la chanteuse de 28 ans dans sa position de mastodonte de la pop. Mais y parvient-il ? Dans la presse étrangère, les avis sont partagés.
À Londres, The Daily Telegraph ne tarit pas d’éloges. Peut-être avec un brin de chauvinisme. Comme le rappelle ce quotidien conservateur, Dua Lipa “est la seule musicienne britannique de ces dix dernières années à être devenue une superstar mondiale”.
“Avec chaque nouvel opus, Dua Lipa s’approche un peu plus de l’idéal de perfection pop du XXIe siècle”, s’enthousiasme sans retenue le quotidien londonien.
Le Daily Telegraph ne fait pas de concession, et assène que “les 11 titres de Radical Optimism sont autant de tubes, un chapelet de petits bijoux dance encore plus réussis et réjouissants que ceux de Future Nostalgia, qui avait pourtant conquis le monde en 2020”.
Et de continuer : “Du groove ensoleillé de End of An Era au tube annoncé Happy For You, l’album ne déçoit jamais.”
De l’autre côté de l’Atlantique, Consequence of Sound tempère les ardeurs. Radical Optimism est certes un projet pétillant “très dansant”, mais il souffre de vraies faiblesses.
Les temps forts de l’album “font que [ses] morceaux moins réussis ressortent d’autant plus”. Le média américain estime que le morceau These Walls ne “restera pas dans les annales”, et que French Exit est “raté”.
Dua Lipa a coécrit l’ensemble des chansons de ce troisième album. Malheureusement, elle n’est pas la plume la plus aiguisée de l’industrie. “Les paroles sont plus un accessoire de mise en scène qu’un véritable aperçu de sa vie intérieure”, formule Consequence of Sound.
Le Los Angeles Times prend moins de pincettes. Le quotidien californien est clair : “Dua Lipa n’est pas une parolière.”
Pour le Los Angeles Times, il y a toutefois un problème plus gros encore que les paroles. Le quotidien californien est incisif : “Dua Lipa n’a rien à offrir avec Radical Optimism”, juge-t-il.
Le journal se questionne donc : “Un album pop peut-il encore être réussi sans disserter sur la célébrité ou donner du grain à moudre aux musicologues ?”
Le quotidien californien nuance toutefois : l’absence de profondeur de Radical Optimism n’est pas forcément un défaut.
Le Los Angeles Times fait un rapprochement avec une référence de la disco-pop européenne. “Cependant, il y a un côté très rafraîchissant dans ce que propose cet album, pas de prise de tête nombriliste, juste l’envie de savourer et de se laisser emporter par l’énergie et le plaisir qui émane de la musique, exactement ce qui nous plaisait dans Abba.”
Le parallèle avec Abba semble inévitable. Il est aussi effectué par le site musical Pitchfork : “Quelques chansons font forcément penser à Abba, la fierté blessée mais résiliente, par exemple, ou encore le don pour les chansons bien troussées, comme Training Season, qui a l’énergie de Gimme ! Gimme ! Gimme !”
Mais le média américain se montre sévère : “Mais comme pour le reste de Radical Optimism, [cette chanson est] beaucoup trop chargée et manque de respirations.”
Avec Radical Optimism, le sacre de Dua Lipa en tant que reine de la pop se fait donc en demi-teinte. Peut-être qu’il est encore trop tôt pour statuer sur sa position dans l’industrie musicale.
Car, comme le souligne Consequence of Sound : “Si Radical Optimism n’est peut-être pas aussi radical qu’on l’espérait, Dua Lipa est loin d’avoir fait son temps. Elle veut profiter du soleil sur sa peau et danser jusqu’à s’étourdir, à nous de voir si nous avons envie de la rejoindre.”—
